S'il est vrai que la christologie n'est rien d'autre que l'interprétation de la confession de foi christologique, on pourra aussi dire que la théologie trinitaire n'est rien d'autre que l'interprétation de la confession de foi trinitaire. Des théologiens et des exégètes accordent une attention croissante aux confessions de foi, à commencer par celles qui sont repérables dans le N.T. La première section de ce chapitre est consacrée au rôle normatif qu'ont pu jouer les confessions de foi dans la communauté primitive et aux différentes formes qu'elles ont pu prendre. Dans une deuxième section seront fournis des indications bibliographiques et des jalons de réflexion à propos des titres christologiques dont certains représentent des éléments constitutifs de toutes les confessions de foi. Dans une troisième section, se trouvent réunis des éléments de réflexion concernant les premiers linéaments de la doctrine de l'Esprit.
Le problème du canon dans le canon
L'exégèse contemporaine a mis en lumière la diversité des théologies à l'intérieur du
N.T. et s'interroge sur ce qui fait l'unité dans la pluralité. E. KÄSEMANN a pu dire que le N.T. ne fonde pas l'unité de l'Église, mais la diversité des confessions (Orthodoxes, Protestants...) : G. EBELING rejette cette assertion sous prétexte que le problème des confessions chrétiennes n'est pas posé par le N.T. Malgré cette divergence, les deux auteurs sont d'accord pour dire que la vraie question est de savoir si le N.T. renvoie à un noyau fondamental, à un centre de perspective à partir duquel s'expliquent les différentes présentations qui sont faites dans le N.T. du Christ et du mystère du salut.
Cette problématique du canon dans le canon a suscité des réactions de la part des catholiques et des protestants. Certains signalent le danger de privilégier tel corpus du N.T. et d'oublier que tout le N.T. est canonique. D'autres reprennent la thèse de K. BARTH selon laquelle le canon du N.T. s'est imposé de lui-même comme ensemble de textes kérygmatiques et qu'il se justifie encore à l'heure actuelle, vu qu'il continue à pouvoir être proclamé comme parole de prédication.
Il n'en reste pas moins que l'on peut se demander en vertu de quel critère les écrits ont été retenus. J. JEREMIAS estime que ce qui est fondamental, c'est le Jésus historique : ce point de vue s'explique à partir des discussions sur le Jésus historique, mais ne tient pas assez compte du fait que le N.T. parle aussi du Christ de la foi. E. KÄSEMANN pense qu'il faut retenir le critère de Luther "Christum treiben" et considérer comme noyau central le "Christus pro nobis" - "Le Christ qui nous justifie". D'autres, comme SCHLIER et CONZELMANN, sont d'avis que le critère normatif est le kérygme des apôtres qui contient des pré-symboles : ainsi, les confessions de foi selon lesquelles Jésus-Christ est mort et ressuscité constitueraient le principe formel de l'annonce de l'Évangile et auraient une valeur normative pour tout le N.T. Paul lui-même a repris des confessions de foi pour les expliquer et les épîtres deutéro-pauliniennes prouvent que la tradition passe pour être sacrée et que la théologie n'est qu'explicitation de ce qui a été transmis.